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L'ère de la scène

Site d'Eléonore de Vulpillières. Recensions d'essais, pièces de théâtre, expositions... mon site propose des sujets relatifs à la scène culturelle.

Mon corps ne vous appartient pas : un brillant pavé dans la mare féministe

Mon corps ne vous appartient pas : un brillant pavé dans la mare féministe

«Mon corps ne vous appartient pas» C'est à travers cette interpellation, qui est aussi le titre d'un premier essai (Albin Michel, 19€) aussi incisif que brillant, que Marianne Durano capte l'attention de son lecteur.

Cette jeune femme, âgée de 26 ans, normalienne et mère de deux enfants, signe un témoignage puissant, parce qu'il puise à la fois ses sources dans une expérience personnelle, et une réflexion philosophique et écologique.

A l'heure du Balance ton porc et de la valorisation du bio dans l'alimentation, Marianne Durano balance un système médical et technicien qui aliène les femmes, et propose une écologie intégrale qui prenne en compte pleinement les besoins féminins. Car cela fait des dizaines d'années qu'au motif de « libérer les femmes », au nom de la technique omnipotente, ces dernières ont été dépossédées de leur corps. Dès leur plus jeune âge, elles sont invitées à se rendre chez le gynécologue dont elles seront ensuite dépendantes, pour se faire prescrire la sacro-sainte pilule, et être suivies de façon régulière... sans pour autant être malades. Dès l'adolescence, la jeune fille peut « considérer son corps comme une menace sanitaire ». Les jeunes garçons ne subissent pas la même «terrible» menace de tomber enceinte. Et au collège, dès l'âge de onze ans, ces jeunes sont abreuvés de prévention sur les deux risques majeurs de l'acte sexuel: tomber malade et tomber enceinte. « Il n'est pas anodin que, dans les textes officiels, l'éducation à la sexualité soit indissociable d'une éducation à la santé, comme si le sexe était irrémédiablement lié à la maladie », écrit l'auteur. Et pourtant, le paradoxe de cette prétendue éducation à la sexualité réside dans la promotion de comportements sexuels à risque, valorisés socialement : « diversification des expériences, libertinage, vagabondage, précocité. »

Où je veux, quand je veux; de toute façon, préservatif et pilule protègent.

« La solution proposée aux aléas de la sexualité est systématiquement une réponse technique, dont la charge, la plupart du temps, devra être assumée seule par la toute jeune fille. » Comment ne pas s'étonner que dans notre société égalitariste où les féministes ont table ouverte, fort peu de personnes s'élèvent contre cette emprise du système technicien sur le corps des femmes, et contre le déséquilibre flagrant des responsabilités entre la femme et l'homme dans le cas d'une grossesse non désirée ? On se scandalise à juste titre du bœuf aux hormones, du poulet lavé au chlore et autres joyeusetés génétiquement modifiées qui ne manqueront pas d'arriver en France grâce aux traités de libre-échange européens. On veut préserver son corps du bisphénol A des tickets de caisse – récemment interdit – et de toute pollution chimique. On mange sain, on savoure bio, on déguste écolo. Mais personne n'ose remettre en cause le privilège effarant de la pilule et des laboratoires pharmaceutiques dans le domaine de la contraception – contrairement aux méthodes de régulation autonome des naissances, peu connues, et dont les autorités publiques ne parlent jamais. Pour ne pas risquer de tomber enceinte, et être toujours disponible au désir de son compagnon, la femme libérée est sommée de prendre sa dose d'hormone trois semaines par mois, et ce pendant une trentaine d'années.

Le livre évoque de nombreuses autres thématiques que je n'aurai malheureusement pas la place d'exposer ici – la PMA, la GPA, la double peine des «working girls» qui diffèrent à la quarantaine une grossesse forcément plus compliquée, pour avoir le temps de faire carrière jeunes, la technicisation de la grossesse, la dévalorisation par le système marchand du foyer (un des rares lieux où subsiste encore un peu de gratuité)…

Percutant et passionnant, cet ouvrage est à mettre entre toutes les mains : la réflexion mûrie qu'il développe devrait, plutôt que les pilules du bon docteur Bayer, être remboursée par la Sécurité sociale.

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F
L'emancipation feminine commence par la connaissance de soi et la connaissance de son corps, m'agacent ces femmes qui prennent la pillule ne sont pas emancipees du tout elles ont une meconnaissance du corps humain, de leur corps, de leur cycle, elles se bourrent la gueule de pillules chimiques toxiques qui remplissent les poches des labos pharmaceutiques et transforment les poissons en hermaphrodites. Leur seule (in)culture provient de la lecture de magazines feminins et leur seule idee de genie est de baisser sa culotte devant un gynecologue pour se faire prescrire la sacrosainte pillule pour pouvoir se faire defoncer h24. D7
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