25 Mars 2019
Le quartier de Saint-Germain-des-Prés est riche en galeries. Celle de Cyril Guernieri, qui a ouvert il y a un an, expose jusqu’au 6 avril les travaux d’un artiste turc âgé de 80 ans, Mehmet Güleryüz. Ce dernier a composé, comme le faisait déjà au XVIe siècle le poète Marot dans son Adolescence clémentine, un véritable jardin pictural, le « jardin des plaintes ». Les fleurs de ce jardin sont des personnages souvent difformes, inquiétants par leurs attitudes hésitantes, et aux visages tortueux. Pourtant le tout reste harmonieux, et interroge le visiteur. Certains dessins évoquent les êtres torturés d’Egon Schiele. Si plusieurs scènes apparaissent pleines de légèreté, voire d’insouciance, les mines butées des personnages nous rappellent un univers carcéral mental que l’art de Güleryüz exacerbe. Cette exposition vaut le détour pour deux raisons : il serait dommage de se priver de l’art que les galeries offrent à voir au grand public en se contentant – même si cela est indispensable – du contenu des grands musées. D’autre part, cet artiste francophone et francophile – il fut étudiant aux Beaux-Arts de Paris – connaît un grand succès dans son propre pays, et la fréquentation de son minutieux travail est une manière de comprendre la véritable aspiration à la liberté qu’ont en partage l’artiste et une part grandissante du peuple turc.
En savoir plus : Galerie Cyril Guernieri, 29 rue Mazarine, Paris VIe.