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L'ère de la scène

Site d'Eléonore de Vulpillières. Recensions d'essais, pièces de théâtre, expositions... mon site propose des sujets relatifs à la scène culturelle.

Salon du Livre : rencontre avec les petits éditeurs

Un lecteur interroge l'éditeur Reynald Secher sur un CD de chants vendéens

Un lecteur interroge l'éditeur Reynald Secher sur un CD de chants vendéens

A « Livre Paris », ainsi qu'a été renommé en 2016 pour des raisons de simplification mentale le Salon du Livre – un terme devenu, de toute évidence, trop compliqué à saisir pour le commun des mortels – , politiques et vedettes de télé-réalité se bousculent. Du 24 au 27 mars, professionnels du livre et grand public se sont mêlés dans le hall 1 du parc des expositions de la porte de Versailles.

Au milieu de la foule des exposants, nous avons rencontré des petits éditeurs.

 

Jean Picollec a fondé sa maison d'édition en 1978. Il se rend chaque année au Salon du Livre, depuis sa création en 1981. Même s'il ne rentre pas dans ses frais – il en couvre entre 25 et 35 %, les bonnes années. La location du mobilier est très chère ; sur son stand de 9 m², on aperçoit deux étagères, une table, deux ou trois chaises et un frigo. Il en a eu pour 800 euros, sur quatre jours de salon. Pourquoi donc continue-t-il à venir ? « Pour une maison comme la mienne, cet événement est une vitrine importante, à la fois pour les libraires et les lecteurs. Et pour mes auteurs, surtout les débutants, c'est une consécration d'être exposés au Salon du Livre. Leur statut d'auteur est établi, et pas uniquement aux yeux de leurs proches. » Il constate d'autre part une évolution malheureuse du Salon : de moins en moins d'éditeurs, notamment les indépendants, peuvent se permettre d'y assister. Enfin, la multiplication de débats et d'animations bruyantes engendre « un brouhaha continu qui perturbe la tranquillité des auteurs en dédicace. » Cependant, il note aussi un point positif : la présence de plus en plus d'auteurs étrangers, notamment issus du monde francophone. Cette année, l'invité d'honneur était le Maroc, un stand pris d'assaut par le public, qui contrastait avec son voisin presque déserté, celui de l'Arabie saoudite. Celui-ci ne présentait presque que des ouvrages en arabe et en anglais : curieux choix donc, que celui de louer un stand au Salon du livre de Paris, une ville encore francophone, malgré tous les slogans de la terre, « Made for sharing » en tête, que pourront trouver les têtes chercheuses du comité de candidature parisien aux Jeux olympiques de 2024.

 

Notre deuxième rencontre nous mène à Bernard Giovanangeli, éditeur corse, présent au Salon depuis 2001. Passionné par Napoléon Ier, il a fondé sa maison d'édition en 1991, et s'est spécialisé dans les ouvrages d'histoire, et plus précisément d'histoire militaire. Il déplore le prix d'entrée du Salon – 12€ pour les adultes : « c'est presque le prix d'un livre ! », et observe une « baisse du pouvoir d'achat des visiteurs ». Il avait pour habitude de vendre des beaux livres (entre 35 et 40€). Aujourd'hui, ce sont surtout des livres de format classique, d'une valeur de 15 à 20€ qui partent en premier. Il a depuis quelques années diversifié son offre, et propose des essais de géopolitique, plus petits et moins chers. S'il continue à venir au Salon, c'est pour « prendre le pouls du public » et rencontrer ses lecteurs. « Leurs retours sont fondamentaux, au-delà des chiffres de vente, pour mesurer les livres qui ont plu, ceux qui interrogent, ou encore ceux qui ont déçu. » Parmi les auteurs présents, Jean-Marie Milleliri, premier auteur vivant – le précédent ouvrage paru était une réédition – publié par M. Giovanangeli, son compatriote. Ancien médecin militaire, il travaille actuellement à l’ambassade de France au Mali, en tant que conseiller en matière de santé. Il est intarissable sur l’expédition de Bonaparte en Egypte,

 

Quant à Reynald Secher, historien de formation, il a fondé sa maison d'édition, spécialisée en bandes dessinées d'histoire de France, il y a dix-huit ans. Jeanne d'Arc, Henri IV, Saint Louis… autant d'histoires mises en images, chapitrées, respectant l'ordre chronologique, avec une quinzaine de pages documentaires présentes à la fin, pour aller plus loin. Ce féru d'histoire vient au Salon parce que « c'est un lieu de rencontres. Nous témoignons de ce que nous sommes. Certains lecteurs nous encouragent ! » En effet, de temps en temps, un lecteur arrive. L’échange peut durer cinq minutes comme une heure. Avec les ventes réalisées, on remboursera tout au mieux le coût du Salon. Plus loin, on aperçoit les files infinies de personnes venues se faire dédicacer des ouvrages de fantasy, et les hordes de photographes qui se massent autour de personnalités du showbiz… Ce succès et cette effervescence en décourageraient plus d’un.

Pourtant, passionnés par leur métier, les petits éditeurs n'ont pas fini de faire vivre le livre.

 

Le stand de Jean Picollec

Le stand de Jean Picollec

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