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L'ère de la scène

Site d'Eléonore de Vulpillières. Recensions d'essais, pièces de théâtre, expositions... mon site propose des sujets relatifs à la scène culturelle.

Législatives : le parti Français et Musulmans présent dans six circonscriptions

Hanan Zahouani, candidate aux législatives 2017 du parti Français et Musulmans sur la circonscription de Bobigny, Drancy et le Bourget

Hanan Zahouani, candidate aux législatives 2017 du parti Français et Musulmans sur la circonscription de Bobigny, Drancy et le Bourget

Le parti Français et Musulmans a organisé un meeting jeudi 18 mai, pour lancer la campagne de Hanan Zahouani, candidate sur la circonscription de Bobigny, Drancy et le Bourget. Cet événement avait été annoncé sur Twitter et Facebook avec beaucoup d'enthousiasme, mais seule une petite cinquantaine de personnes a bravé la pluie battante pour y assister, salle Max Jacob, à Bobigny. Dans l'assemblée mixte, autant de femmes voilées que de non voilées. Assise derrière une petite table, Mme Zahouani, accompagnée du porte-parole du parti, Khalid Majid, détaille son programme, traduit simultanément en langue des signes par une jeune femme, car une bonne partie de l'auditoire appartient à la communauté sourde de la ville – Hanan Zahouani elle-même maîtrise la langue des signes française.

 

Vêtue d'une jupe arrivant aux genoux, de bottines, voilée, comme le suggère l'affiche, cette mère de famille de 40 ans explique avoir été entrepreneur, avant de s'engager dans une association qu'elle préside, Les Repas de Salem, décrite comme « œuvrant en faveur des réfugiés ». Ce passé entrepreneurial s'entend quand on l'écoute évoquer son rôle de député comme celui d'un « chef de projet s'appuyant sur tous ».

Elle décrit une campagne de terrain où la réception de ses idées et de son voile est plutôt positive. « Mais sur les réseaux sociaux, quand on ne voit pas les gens en face, la compréhension est moins bonne, et les insultes fusent. » On peut lire son slogan de campagne, inscrit sur ses tracts : « Femme de 40 ans, citoyenne du monde, je milite pour une France du Faire Ensemble. Mes différentes expériences de vie m'ont ouvert les yeux sur la diversité de mon environnement, sur la société française, sur la place que chaque individu a le devoir de tenir pour impacter positivement notre France. »

 

Parmi les mesures proposées, la reconnaissance du vote blanc, du droit de votes pour les étrangers, la possibilité que des pétitions deviennent des « propositions de loi citoyennes ». Pas d'abrogation de la loi sur le mariage pour tous, au nom de la « lutte contre les discriminations ». Elle insiste également sur l'ouverture de maisons de citoyens, via les mairies de quartiers, qui permettraient « une meilleure communication aux citoyens des débats en cours à l'Assemblée nationale. »

 

« Ne plus subir » est une expression qui revient souvent dans sa bouche. Le parti Français et Musulmans entend faire en sorte que les musulmans deviennent des acteurs de la politique au lieu de rester passifs. « Aujourd'hui des entreprises sont créées par des Samira, des Fatima, des Mohamed ! Les citoyens musulmans participent à la vie économique du pays. Maintenant, nous devons aussi nous impliquer en politique. » L'actuel député, Jean-Christophe Lagarde, qui se présente pour un quatrième mandat a été vertement critiqué. « C'est le Balkany du 93 ! Et on ne peut pas faire du bon travail en étant député et maire. Qu'il passe la main ! Qu'il nous la passe ! »

 

Peut-on voter pour ce parti quand on n'est pas musulman ? La réponse du porte-parole est rodée. « De même qu'il n'y a pas que des chrétiens qui votent pour la CDU de Mme Merkel en Allemagne, de même nos propositions sont portées par des citoyens musulmans mais s'adressent à tous, » déclare-t-il sans s'appesantir sur les raisons historiques pour lesquelles les mouvements politiques chrétiens existent en Europe.

Le parti entend lutter contre les lois « scélérates, islamophobes » comme celle de 2004 sur l'interdiction des signes religieux à l'école, portée par François Bayrou. Bruno Le Maire, nouveau ministre de l'Economie, a été également cité par le suppléant, qui critique son « ultralibéralisme qui conduit à la précarité », rappelant sa proposition de création de « mini-jobs » payés 5 euros de l'heure.

 

Nizarr Bourchada, le président du parti, qui présente 12 candidats en Seine-Saint-Denis et en Seine-et-Marne, prend la parole : « L'entrisme au PS, ce parti à l'agonie, a pu exister, mais il est mort. Ils vous utilisaient comme des porte-valises. » Déterminé, il exhorte avec véhémence tout le monde à se mobiliser sans se décourager, soulignant de bons scores obtenus aux régionales (presque 5 % à La Courneuve, 20 % dans certains bureaux de Mantes-la-Jolie) sans parfois même avoir fait campagne. « Il faut arrêter de pleurnicher et de se plaindre d'être des victimes. Si on ne se prend pas en charge, on sera toujours des perdants. » Un discours que l'on retrouve lors du buffet partagé qui a suivi la réunion.

 

Ces musulmans qui souhaitent s'investir en politique s'expriment dans un français correct, sans accent, tiennent, quoique l'on en pense sur le fond, un discours structuré et cohérent, et sont intégrés économiquement. Ils sont l'exacte antithèse de l'imam Hassen Chalghoumi par exemple, qui a, un temps, parcouru les plateaux télévisés – dont il est autant adoré qu'il est détesté de la plupart des musulmans – avec ses phrases mal charpentées, son accent très prononcé, et son air vaguement ridicule.

Dans leur discours, il n'est jamais question de lois religieuses comme la charia, mais de représentation des musulmans dans l'espace public (d'où l'insistance sur le voile). Leur refus de se rallier aux partis politiques traditionnels, dont ils considèrent ne pouvoir être que des « cautions musulmanes » sans réel pouvoir d'influence, et leur souhait de faire diminuer l'abstention (57,3 % en Seine-Saint-Denis aux dernières législatives) et de mobiliser la communauté musulmane, sont autant de témoignages d'une volonté accrue d'investir le débat public.

 

Le titre Banlieusards appliqué à la politique

La tonalité de cette réunion m'a fait penser à une adaptation politique plus policée de la chanson Banlieusards de Kery James (nom de scène du chanteur né en Guadeloupe Alix Mathurin, qui a pris le nom d’Ali après sa conversion à l’islam). [Jimmy Parat, conseiller municipal à Bagnolet, et candidat F&M de la circonscription de Bagnolet-Montreuil corrobore mon jugement, et ajoute la chanson Racailles à ma comparaison.]

« On n'est pas condamnés à l'échec.

Voilà le chant des combattants, banlieusards et fiers de l'être. […]

Lève-toi et marche ! […]

A ce jour y a deux France, qui peut l’nier ?

J'suis pas une victime mais un soldat.

J’n’attends rien du système, je suis un indépendant.

Qu'a-t-on fait pour nous-mêmes ?

Qu’a-t-on fait pour les nôtres ? [...]

Il est temps que la deuxième France s’éveille,

J’vais être plus direct, il est temps qu'on fasse de l'oseille

Ce que la France ne nous donne pas, on va lui prendre

J'veux pas brûler des voitures, j'veux en fabriquer, puis en vendre. [...]

Si on est livré à nous-mêmes, le combat, faut qu'on le livre nous-mêmes
Il ne suffit pas de chanter : ''regarde comme ils nous malmènent''
Il faut que tu apprennes, que tu comprennes et que t'entreprennes
Avant de crier "c'est pas la peine ! Quoi qu'il advienne, le système nous freine !"
A toi de voir, t'es un lâche ou un soldat ?
Brandis l'épée du courage, entreprends et bats-toi !

On est condamné à réussir. »

Réseaux sociaux
Sur les réseaux sociaux, les publications de Mme Zahouani sont assez classiques des combats habituellement portés par des musulmans engagés en politique. Sur le plan de la politique étrangère, on constate un soutien affirmé aux Palestiniens, notamment au leader Marwan Barghouti – chef de lutte armée durant les deux premières intifadas – engagé dans une grève de la faim avec plusieurs centaines de prisonniers palestiniens en Israël afin de protester contre les conditions de leur détention.
En ce qui concerne l’insécurité en France, Mme Zahouani a partagé sur sa page Facebook publique la publication de Paris d'Exil - Collectif parisien de soutien aux exilé.e.s. « Le 18 mai 2017, le Parisien publiait dans ses colonnes un article initialement intitulé “Paris : les femmes chassées des rues dans le quartier Chapelle-Pajol” renommé le 19 mai en “Paris: des femmes victimes de harcèlement dans les rues du quartier Chapelle-Pajol”. Article ensuite repris (et même déformé) par BFM, le Figaro, Valeurs Actuelles... Le 19 mai, une “marche des femmes contre l’obscurantisme” était organisée par Mme de Rozière, candidate LR aux élections législatives dans la 17ème circonscription de Paris, soutenue par Mme Pécresse, dans une pathétique tentative de récupération d’une thématique féministe à des fins électoralistes aux relents xénophobes.

L’association Paris d’Exil, les collectifs et associations signataires, dénoncent avec la plus grande fermeté les insinuations xénophobes assimilant les personnes exilées du quartier Pajol-La Chapelle aux ‘’dealers’’ et ‘’vendeurs à la sauvette’’, eux-mêmes accusés sans preuve d’être responsables du ‘’harcèlement’’ dont seraient victimes les femmes dans ce quartier, allant jusqu’à parler de ‘’femmes chassées de tout un quartier parisien’’. L’article du Parisien n’est basé sur aucun travail journalistique sérieux, et la déontologie est manifestement absente des préoccupations de la journaliste. »

Le 21 mai, elle publie sur Facebook la séquence où Vanessa Burggraff critique les mesures scolaires de Najat Vallaud-Belkacem diffusée sur On N’est Pas Couché accompagnée de ce commentaire : « Best Of de l'année. Le prix de la honte du journalisme est attribuée (sic) à Vanessa Burgraff ».

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