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L'ère de la scène

Site d'Eléonore de Vulpillières. Recensions d'essais, pièces de théâtre, expositions... mon site propose des sujets relatifs à la scène culturelle.

France, 2017 : le Parti socialiste, cette gauche sans le peuple

Compte Twitter du premier secrétaire du PS

Compte Twitter du premier secrétaire du PS

Les quelques heures qui ont suivi la qualification d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen auront été ubuesques. Après que François Fillon s'est immédiatement empressé d'appeler à voter Macron, devant un parterre d'électeurs dégoûtés par cette perspective, ce fut Benoît Hamon (et son brillant score de 6,2 %) qui s'est dépêché de faire de même. Ce qui fut passionnant à observer, le lendemain, ce sont les réactions du Parti socialiste, à commencer par celle de son éminent premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis. Celui-ci, ne tirant aucune leçon de ce score misérable, jamais vu depuis la fondation du nouveau PS en 1969, a paisiblement multiplié des déclarations du type : « La bataille de France vient de débuter. Elle sera longue. Le PS y jouera tout son rôle et il sera à sa place : la première. » Des tombereaux d'insultes ont déferlé sur Twitter, devant cette arrogance perpétuelle affichée en toute circonstance par un PS qui est devenu ce à quoi il aspirait secrètement : une gauche sans le peuple. Nous avions précédemment décrit comment, notamment à son meeting de Lille, la quasi-totalité du discours de Benoît Hamon s'était concentré sur la lutte contre le Front national. Le fruit de ce combat qui tourne à vide s'est matérialisé dans les urnes.

 

Au lieu de se demander pourquoi la gauche avait été sèchement éliminée du second tour, M. Cambadélis – que d'aucuns ont d'emblée rebaptisé Cambadélire – a courageusement combattu le FN sur son mur Twitter : « Il est hors de question de laisser la France perdre son âme. », « J'appelle tous les militants socialistes à redoubler d’efforts, partout, sans relâche pour repousser le Front national. » Les plus furieux sont les électeurs de gauche, qui s'aperçoivent que cette guerre perpétuelle contre le FN permet d'investir des dirigeants qui, une fois au pouvoir, ne favorisent jamais les petites gens et les travailleurs pauvres.

 

Joignant le geste à la parole, l'apparatchik du Parti socialiste moribond en a profité pour annoncer la publication d'un tract anti-FN à 4 millions d’exemplaires, ainsi que le placardage de plusieurs centaines de milliers d’affiches pour avertir le bon peuple – qui ne vote plus pour lui – des méfaits du FN. Une manifestation place de la République, ne rassemblant que quelques centaines de personnes, a été organisée par l'association liée au Parti socialiste, SOS Racisme. Ce scénario a un goût de déjà-vu, celui des manifestations monstres dans la capitale lors de la qualification de Jean-Marie Le Pen en 2002. Mais depuis, la France a changé, et les électeurs sont en colère devant ce simulacre de lutte anti-fasciste. Particulièrement contre un PS qui a abandonné toute protection des plus modestes – qui se sont majoritairement retrouvés soit chez Le Pen soit chez Mélenchon. Ce dernier était parvenu à rassembler des millions de personnes autour d’un projet qui avait, entre autres, réhabilité le concept – initialement de gauche – de nation.

 

Le président de la République a prononcé lundi après-midiune courte allocution, qui se voulait solennelle, exhortant à faire battre Marine Le Pen. Quant aux autres caciques du PS, Aubry, Cazeneuve, Ayrault, Vallaud-Belkacem, Taubira, ils ont tous appelé à voter Macron, en fidèles représentants de la gauche castor – selon l’expression du politologue Laurent Bouvet – qu'ils incarnent : celle dont l'unique but et la seule utilité est de « faire barrage » au FN.

Capture d'écran du compte Twitter du premier secrétaire du Parti socialiste

Capture d'écran du compte Twitter du premier secrétaire du Parti socialiste

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